Xavier Lambours

Xavier Lambours
XL

Galeries

La MEP

C’est par le cinéma – Hitchcock, Lang, Welles – et par la peinture, notamment avec le choc produit par la découverte de Mondrian, que Xavier Lambours en est indirectement venu à la photographie. Sous les auspices de Diane Arbus, aussi, dont les images carrées, prises au flash, l’ont conforté dans une écriture photographique singulière.

Premier essai, premier succès précoce : Cannes 1983, publié dans Libération, invente une nouvelle façon de portraiturer dans la presse. Puis, très vite, la reconnaissance : Le Monde, Télérama, Le Nouvel Observateur et tant d’autres.

Mais les stars, contrairement à une Annie Leibovitz ou à un Richard Avedon, ne sont pas “le monde” de Lambours, qui revendique ses racines prolétaires et petite-bourgeoises. Il s’en éloigne. Rebondit ailleurs, autrement, comme toute son œuvre prolixe et protéiforme en témoigne. Une longue collaboration avec Vuitton – pour le centenaire du monogramme (1996), pour le “sacre” du ballon de foot lors de la Coupe du Monde (1998), la création de l’agence Métis, un séjour à la villa Kujoyama au Japon (1992), le prix Niepce (1994), des livres, beaucoup, des voyages, aussi.

Lambours est un photographe du mouvement, de la recherche, de la remise en question de soi. C’est aussi un étrange rêveur, capable de rêver de photographies. Et un homme de fiction, auteur de romans-photos.
Las de la presse, qu’il juge aseptisée, la technique prenant le dessus sur le personnage, conscient que “le combat est difficile”, Lambours nous invite aujourd’hui à découvrir une (petite) part de son travail si fécond. Des portraits, des paysages, des nus.

Les portraits, majoritairement photographiés en noir et blanc, sont aussi des formes dérivées et complexes d’autoportraits, Lambours projetant sur Derrida, Duras, Lévi-Strauss, Mitterrand, Truffaut, Welles et tant d’autres ses propres interrogations, saisissant dans leur regard une forme d’inquiétude. Quelque part dans ces images, la mort s’annonce, celle des autres et la sienne propre, comme dans ce très beau portrait de Derrida au soir de sa vie, saisi devant un mur de pierres, au musée d’art et d’histoire du judaïsme.
Souvent, les visages fonctionnent en diptyques avec des animaux ainsi le regard sombre et dur de Mitterrand renvoie à l’oeil écarquillé d’un taureau.

Artiste ? Reporter ? En tout cas témoin de personnalités, d’approches de l’art, les nus étant l’entrée dans le trou noir.“.

Lambours multiplie les approches, les perspectives, les techniques : hommage classique à la sensualité de Rubens ou de Renoir, mais aussi ouverture fantasmatique dans un univers fantastique de nus voilés qui en appelle aux figures de Belphégor, Fantômas et aux films de Franju. Ici, une “vanité”, ailleurs un corps opulent, grisé, dont la chair semble celle d’une statue. Ailleurs encore, un travail sur la déformation du nu féminin à travers le filtre de tissus de camouflage de guerre, produisant des distorsions et d’étonnants chromatismes.

Et enfin, doux, sensuel, érotique, un hommage manifeste au magnifique tableau de Courbet, L’Origine du monde. Simplement, pudiquement, un sexe de femme dévoilé.

L’exposition est organisée avec le soutien de Canson.

 

Autour de l’exposition

Catalogues : Un catalogue “XL”, coédité par La Maison d’été et la MEP, accompagne l’exposition.

Image en une : François Truffaut, Festival de Cannes, 1983 © Xavier Lambours / Signatures