Yuki Onodera

Yuki Onodera
Décalages

Yuki Onodera se pose la question de savoir ce qu’est la photographie et ce que la photographie peut faire ; cette réflexion la conduit à une pratique insolite qui dépasse le cadre de la “simple” photographie, elle est aussi reconnue pour ses travaux originaux et artisanaux.
Chaque photographie de Yuki Onodera est le résultat de petits décalages volontaires insérés dans le circuit de l’information. Yuki Onodera accède ainsi à d’autres niveaux de réalité, les enjeux de la perception constituant l’essence même de sa démarche.
La Maison Européenne de la Photographie présente, dans l’exposition qu’elle lui consacre, trois séries de l’artiste : Transvest, Eleventh Finger, ainsi que Muybridge’s Twist, un travail inédit.

Galeries

La MEP

Transvest,2002

Tirage argentique sur papier baryté. Série en 22 pièces, 200 x 130cm

Cette série commencée en 2002 est toujours en cours. Les silhouettes ne sont pas obtenues par prise de vue de personnages réels, mais proviennent d’images préexistantes, sélectionnées dans des journaux ou des magazines, découpées et photographiées à contre-jour. Les silhouettes ne sont pas des ombres simples, des fragments d’autres images y sont insérés : montagnes, éléments d’architecture baroque, ronds dans l’eau d’un lac, bonbons, ruines, tatouages amérindiens, foule, voitures, insectes, fêtes, ballons qui éclatent…

Les personnages, nommés “Krio” ou “Rosa”, etc. ne sont autres que l’ensemble des images diverses et variées, sombres à la limite du discernable. Leur corps incarne ainsi un monde au-delà du temps et de l’espace et sont représentés à taille réelle au tirage.

ELEVENTH FINGER,2006

Tirage argentique sur papier baryté. Série en 10 pièces, 178 x 123cm

Les photos sont prises à la hanche, pour laisser s’exprimer les attitudes et les mouvements inconscients. Les visages des modèles sont cachés par la technique du photogramme, avec un papier ajouré comme de la dentelle qui apparaît en blanc sur le tirage. L’absence de visage fait perdre le sens des gestes qui peuvent en devenir comiques, à moins d’y voir une réflexion sur le droit à l’image, effectivement possible. Le papier sur les visages est décoré de motifs tantôt concrets tantôt abstraits, ajourés à la main par l’artiste. L’à-plat du photogramme fait un vif contraste avec le gros grain de la partie photo. Le “nzième doigt” du titre réfère aux dix doigts du modèle auxquels s’ajoute celui qui appuie sur le déclencheur de l’appareil.

 

YUKI ONODERA

Née à Tokyo 1962. Installe son atelier à Paris en 1993, et expose depuis lors son travail dans le monde entier.

Sa réflexion sur la photographie la conduit à une pratique insolite qui dépasse en fin de compte le cadre de la “simple” photographie : elle insère une bille dans l’appareil photographique, ou se rend de l’autre côté de la Terre pour prendre des photos sur la base d’une histoire construite à partir d’un fait divers ou d’une légende. Elle est aussi reconnue pour ses travaux originaux et artisanaux, comme les tirages manuels sur papier argentiques de grande taille (2 mètres et plus), ou la coloration à l’huile sur tirages noir et blanc.

Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections et musées du monde entier : Centre Pompidou, San Francisco Museum of Modern Arts, The J. Paul Getty Museum, Shanghai Art Museum, The Tokyo Metropolitan Museum of Photography…

Principales expositions monographiques : The National Museum of Art, Osaka (2005), Shanghai Art Museum (2006), The Tokyo Metropolitan Museum of Photography (2010), The Museum of Photography, Seoul (2010), Musée Nicéphore Niépce, France(2011).

 

COMMISSAIRE D’EXPOSITION

Mariko Kuroda

 

 

Image en une : © Yuki Onodera