Réservation obligatoire.
Votre billet donne également accès aux expositions Love Songs – Photographies de l’intime et Motoyuki Daifu – Lovesody.
Sur une proposition de l’association La maison de l’ours, cet événement vise à rendre visible la richesse et la vivacité de la scène photographique ukrainienne, à accueillir la parole d’un monde culturel en prise directe avec une situation de guerre et à témoigner du poids historique de ces trois mots qui réunissent ici institutions et partenaires : une Maison européenne de la photographie.
La photographie ukrainienne est riche d’artistes ayant parcouru le monde entier, pour et avec leur travail : Sophie Jablonska, rapportant les images de terres lointaines encore colonisées, Dina Lutovski, explorant l’oisiveté et le loisir dans l’american way of life, ou Boris Mikhaïlov, dont le regard libre met à nu tant les impensés de l’ère soviétique que les dévoiements de l’ère post-soviétique.
Comme ce fut le cas de nombre d’artistes d’Ukraine, de Gogol à Malevitch en passant par Prokofiev ou Nijinski, beaucoup des photographes et plus largement beaucoup des artistes identifiés en tant que russes sont en réalités nés à Kyiv, à Kharkiv, Lviv ou Odesa : c’est ce constat qui a mené Pascale Cassagnau, responsable des collections audiovisuelles et nouveaux médias du Centre national des arts plastiques, à entamer une démarche de récolement post-soviétique des fonds du Cnap, avec Camille Leprince, attachée de recherche, dans la perspective d’une décolonisation de l’imaginaire ukrainien.
À Odesa, Kateryna Radchenko, directrice du festival Odesa Photo Days, est préoccupée par une autre redistribution des identités et des rôles : si les artistes qu’elle avait invité·e·s pour l’édition 2022, programmée initialement en mai, se font par essence les témoins du monde qui les entoure, beaucoup sont devenu·e·s, du jour au lendemain, des photographes de guerre. En leur donnant la parole, il s’agit autant de montrer le travail que la cruauté d’une guerre qui défigure l’Ukraine et reconfigure l’artiste en observateur des ruines.