Photographe, écrivain, sculpteur et dessinateur, Brassaï est connu pour ses photographies de Paris en noir et blanc. Surnommé « l’œil de Paris », il donne à voir dans les années 30 le Paris que personne ne regarde ni ne photographie, se passionnant pour ses promeneurs nocturnes ou ses graffitis. La MEP conserve au sein de ses collections un ensemble exceptionnel de ses photographies dont une série en couleurs.
  • BRASSAÏ, Le rouge et le noir, 1958-1960
    Tirage couleur à destruction de colorants ; 80 x 54 cm x 2 cm
    Œuvre léguée par Gilberte Boyer - Brassaï en 1999.
    Dépôt du Musée Carnavalet - Histoire de Paris à la MEP, 2012.
    © Estate Brassaï
  • BRASSAÏ, Lambeaux d’affiche à pois blancs, 1958-1960
    Tirage couleur à destruction de colorants ; 40 x 60 cm x 2 cm
    Œuvre léguée par Gilberte Boyer - Brassaï en 1999.
    Dépôt du Musée Carnavalet - Histoire de Paris à la MEP, 2012.
    © Estate Brassaï
  • BRASSAÏ, Drame, 1958-1960
    Tirage couleur à destruction de colorants ; 28 x 40 cm x 2 cm
    Œuvre léguée par Gilberte Boyer - Brassaï en 1999.
    Dépôt du Musée Carnavalet - Histoire de Paris à la MEP, 2012. © Estate Brassaï
  • BRASSAÏ, Battement d’ailes, 1958-1960
    Tirage couleur à destruction de colorants ; 54 x 80 cm x 2 cm
    Œuvre léguée par Gilberte Boyer - Brassaï en 1999.
    Dépôt du Musée Carnavalet - Histoire de Paris à la MEP, 2012.
    © Estate Brassaï
  • BRASSAÏ, Contestation, 1958-1960
    Tirage couleur à destruction de colorants ; 40 x 60 cm x 2 cm
    Œuvre léguée par Gilberte Boyer - Brassaï en 1999.
    Dépôt du Musée Carnavalet - Histoire de Paris à la MEP, 2012. © Estate Brassaï
  • BRASSAÏ, Lueurs (Chicago), 1958-1960
    Tirage couleur à destruction de colorants ; 60 x 40 cm x 2 cm
    Œuvre léguée par Gilberte Boyer - Brassaï en 1999.
    Dépôt du Musée Carnavalet - Histoire de Paris à la MEP, 2012.
    © Estate Brassaï

« Tous les sujets peuvent être photographiés en couleur, mais très peu le méritent. Le vrai sujet d’une photo en couleur ne peut être que la couleur. »

— Brassaï (lors de l’exposition « L’art mural », Galerie Rencontre, Paris, 1970.)

Dans les collections

La MEP compte 29 tirages couleurs de Brassaï, don de Gilberte Brassaï, femme de l’artiste, en 1999 – mais aussi 8 tirages de la série « Paris la nuit » (1931-1939). La collection conserve également le film Tant qu’il y aura des bêtes, consultable à la bibliothèque, 13 photogrammes qui en sont extraits et une sculpture en marbre de l’artiste.

Brassaï expérimente la couleur

Brassaï, maître du noir et blanc, est aussi l’un des rares photographes de sa génération à exposer des photographies en couleur dès le début des années 1970. En 1957, il est invité par le magazine Holiday à effectuer son premier voyage aux États-Unis. Il a carte blanche pour photographier la Louisiane et New York, et réalise alors ses premières photographies en couleur.

De retour en France, il prolonge cette expérience en s’intéressant aux murs de Paris, dont il photographie les graffitis depuis le début des années 1930. Ce travail s’étend de 1958 à 1960, et fait l’objet, en octobre 1970, de l’exposition inaugurale de la galerie Rencontre, rue du Cherche-Midi, première galerie parisienne spécialisée dans la photographie. Intitulée Brassaï : Art Mural, elle présentait une cinquantaine de tirages couleur réalisés en Cibachrome – un procédé qui venait d’être lancé en 1957- et contrecollés sur aluminium, ce qui était tout à fait novateur à cette époque.

« Si l’on veut faire de la couleur en photo, ce n’est pas du “sujet” qu’il faut partir mais de la couleur même, des couleurs en liberté, qui vous donnent parfois la sensation d’un tableau bien peint, même si le sujet par lui-même n’a aucune espèce d’intérêt, n’est qu’un simple support de la couleur. »

Certaines images en couleur sont des variantes des images de graffitis réalisées en noir et blanc par Brassaï, publiées aux éditions du temps en 1961. D’autres ont servi de modèle pour la réalisation des tapisseries de l’artiste. Enfin, si pour Brassaï « le vrai sujet d’une photo en couleur ne peut être que la couleur », certaines de ses images portent la trace de l’actualité de l’époque : le référendum de 1958 ou la guerre d’Algérie.

Biographie

Gyula Halasz dit Brassaï est né en 1899 à Brasso en Transylvanie, Hongrie, aujourd’hui Roumanie. Il est naturalisé français en 1949. Écrivain, photographe, dessinateur, sculpteur, il fut le chroniqueur par excellence du Paris nocturne de l’entre-deux-guerres et le témoin privilégié de la vie artistique en France, pendant près d’un demi-siècle.

Après avoir étudié les beaux-arts à Berlin, il arrive à Paris en 1924. Installé à Montparnasse, au cœur du Paris artistique des années 20, il écrit pour les meilleurs magazines de son époque, de la revue Le Minotaure à Harper’s Bazaar. Ses rencontres avec les photographes Atget en 1925 et André Kertész, l’année suivante sont déterminantes.

Son livre Paris de nuit publié en 1932 est une référence pour des générations de photographes. Brassaï est proche des plus grands artistes du 20e siècle. Son ami Henry Miller le surnomme « l’œil de Paris ».

En 1956, son film documentaire « Tant qu’il y aura des bêtes » est primé au Festival de Cannes. En 1961, Brassaï publie le livre Graffiti dans lequel il exprime sa fascination pour ce « langage du mur ». Il se consacre dans les années 1960 à la sculpture et à la tapisserie, sans jamais abandonner l’écriture.

Brassaï meurt le 7 juillet 1984 à Beaulieu-sur-Mer.

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