Dans la collection
À la suite de deux expositions présentées dans le cadre du Mois de la Photo – en 1986, puis en 1988 -, la MEP fait l’acquisition de ses premières œuvres de Michel Journiac. La collection rassemble aujourd’hui 58 œuvres photographiques de l’artiste, dont certaines de ses séries les plus connues.
En 2017, la MEP lui consacre une grande exposition Michel Journiac, L’action photographique, qui présente, entre autres, toutes ses œuvres présentes dans la collection.
Plusieurs actions de Michel Journiac, notamment Messe pour un corps, ont fait l’objet de captations vidéo consultables à la bibliothèque de la MEP, qui conserve aussi des entretiens et un portrait atypique de l’artiste : La philosophie dans le boudin.
Michel Journiac photographe
L’engagement personnel et politique de l’artiste, son utilisation de la photographie pour se mettre lui-même en scène, avec humour, s’avèrent aujourd’hui très novateurs. La critique radicale de la société qu’il propose rejoint les interrogations actuelles sur l’identité, le genre, le féminisme, et reste des décennies plus tard d’une étonnante actualité.
L’œuvre de Michel Journiac en centrée sur la question du corps – en particulier le sien – qu’il présente comme « une viande consciente socialisée ». Artiste interdisciplinaire, Journiac intègre dans sa pratique poésie, installation, performance ou encore sculpture. La photographie occupe une place centrale dans son œuvre et lui permet de mettre en scène des situations qui bousculent les codes de la bienséance et brisent les tabous de l’époque – l’homosexualité, le travestissement, l’idée de voyeurisme – tout en s’attachant à des sujets de la vie ordinaire : la famille, la femme au foyer, la religion.
Dans la série Hommage à Freud, constat critique d’une mythologie travestie (1972), comme dans L’inceste (1975), l’artiste rend hommage à ses parents, Robert et Renée Journiac, en cherchant à démystifier la théorie freudienne du complexe d’Œdipe.
Dans Piège pour un travesti (1972), Journiac construit un polyptique présentant un homme habillé conventionnellement, puis le même homme nu, puis habillé en femme, et enfin un miroir, qui piège le spectateur et l’intègre à la composition.
Enfin, dans 24H de la vie d’une femme ordinaire (1972-1974), l’artiste se met en scène dans une série de déclinaisons de clichés associés à l’identité de la femme dans les années 1970, époque marquée par les luttes pour le droit des femmes et où l’homosexualité est encore considérée comme un délit. En 1995, Michel Journiac fait don à la MEP de 32 tirages de la série qui en compte 44 au total.
Biographie
Artiste et enseignant, initiateur, notamment avec Gina Pane et Vito Acconci, de l’art corporel en France, Michel Journiac est un personnage clé de la scène artistique des années 1970 et 1980.
Il est né le 7 octobre 1935 à Paris. Après des études de philosophie scolastique et d’esthétique, il entre au séminaire qu’il quittera en 1962 pour commencer une activité poétique et picturale. En octobre 1968 il réalise sa première exposition, à Paris : Parcours – Piège du Sang, et l’année suivante sa première performance Messe pour un corps. À partir de cette date, la vie de Michel Journiac se confond avec son activité artistique.
Poésie, installations, photographies, sculptures, performances parodiant des rituels religieux ou sociaux, il bouscule avec fracas les jeux d’identité et remet en question la morale, la sexualité ou le sacré.
Michel Journiac décède à Paris le 15 octobre 1995